
Dans l’atelier de Christoforos Katsadiotis : entre gravure, mémoire et rébellion urbaine
Du 28 mai au 27 juillet 2025, le Musée Benaki / Pireos 138 accueille une exposition singulière qui ne manquera pas de marquer les esprits : « Dans l’atelier de Christoforos Katsadiotis ». Loin d’une simple rétrospective, il s’agit d’un véritable plongée dans l’univers mental et physique de l’artiste, entre gravure expérimentale, objets recyclés, vidéos immersives et sons urbains.
Curatée par Giorgos Mylonas, cette exposition offre une expérience immersive où l’atelier devient œuvre d’art à part entière. Katsadiotis y déploie un espace hybride, où se mélangent ses créations gravées et les matières premières de son quotidien : notes manuscrites, coupures, rebuts ramassés dans les rues d’Athènes et de Paris, photographies de l’oubli ou reliques du désordre.
Un cabinet de curiosités post-industriel
L’artiste assemble des éléments hétéroclites pour composer une installation monumentale en forme de carrousel plastique. Des poèmes, des pages déchirées, des jouets brisés, des déchets échoués sur les plages ou ramassés dans les capitales européennes deviennent les fragments d’un récit à la fois intime et collectif, brut et poétique. Ici, rien n’est laissé au hasard : tout est trace, mémoire, geste de résistance.

Gravure et mouvement : donner voix au silence
Ce qui frappe, c’est la manière dont Katsadiotis transcende la gravure traditionnelle. Huit animations, dont une en projection 360°, viennent insuffler du mouvement à ce médium habituellement statique. Le résultat : une sorte de film souterrain, où les figures grotesques et zoomorphes semblent sorties d’un cauchemar d’enfant ou d’une mythologie urbaine moderne.
Ces visages déformés n’ont rien de glorieux. Ils incarnent les marginaux du quotidien, les oubliés de nos sociétés, ceux qui vivent sans appartenance, sans nation ni ancrage. Et pourtant, Katsadiotis y voit une rage de vivre, une beauté dissonante.
Entre Paris et Athènes, entre l’intime et le politique
Partagé entre son atelier parisien et son imprimerie manuelle à Athènes, Katsadiotis brouille les frontières géographiques et esthétiques. Il travaille ses matrices à l’acide, imprime à la main, et compose dans les odeurs chimiqueset le bruit des vieux postes de radio. Ce mélange de tradition artisanale et de sensibilité contemporaine donne naissance à une œuvre profondément engagée, subversive, mais toujours humaine.
Pourquoi visiter cette exposition ?
- Pour découvrir une nouvelle forme de gravure contemporaine, à la croisée des arts plastiques et numériques.
- Pour plonger dans un univers sensoriel et narratif, fait de sons, d’images et de matières brutes.
- Pour réfléchir à la notion de déchet, d’exclusion, de beauté dans le rebut.
- Et pour rencontrer, à travers ses œuvres, des visages invisibles, mais familiers, qui peuplent nos villes et nos vies.
Rendez-vous du 28 mai au 27 juillet 2025
Musée Benaki – Pireos 138, Athènes

