Visite chez les Yezidis dans la Vallée Sacrée de Lalish

En octobre 2013, quelques mois avant la triste guerre qui s’est abattue depuis sur cette région du Moyen Orient, Stéphane Tellier, directeur de l’Institut français de Erbil, Yuta du Goethe Institut, spécialiste de l’étude du peuple autochtone yézidis et moi-même, Viviane Bonnier, avons eu l’immense bonheur de visiter la montagne sacrée des Yézidis au Kurdistan d’Irak. (Le jour de la fête annuelle il faut marcher pieds nus dans les ruelles en signe de respect). Nous avons passé un moment de quiétude et de douceur de vivre inoubliables et nous sentons très affectés par le sort réservé aujourd’hui à ce peuple.

Une brève histoire des Yézidis

Basé sur un récit du docteur Ephrem- Isa Yousif, titulaire de deux doctorats en étude des civilisations et philosophie, professeur à l’Université de Toulouse, écrivain et actuellement Directeur de la collection Peuples et cultures de l’Orient aux éditions l’Harmattan.

Les origines du Yezidism sont très anciennes et principalement issues du Moyen-Orient. Le mot  » Yezidi » pourrait dériver de l’iranien ancien  » Ezid » ou  » Yezdan » signifiant  » Dieu » ou ou  » Yazata », celui qui mérite d’être vénéré ainsi qu’une créature divine.
En 2006 la population Yézidis pouvait être estimée à 500 000 personnes, la majorité vivant au nord de la Mésopotamie, près de Mossoul.La plupart d’entre eux parlent le kurmanji ( kurde du nord). la communauté yézidis vit principalement en Turquie, en Syrie, Iran, Georgie, Arménie et Europe.
Une longue histoire de relations cordiales a traditionnellement existé entre Yézidis et Assyro-Chaldéens-Syriaques, les deux groupes minoritaires qui ont habité le nord de l’Irak depuis l’Antiquité.
Les gouvernements successifs de l’Irak, dans le but de maintenir une chimérique unité entre ses populations ont constamment persécuté les Yézidis en les maintenant dans des situations de pauvreté et de précarité.
A la chute de Saddam Hussein, le gouvernement autonome du Nord de l’Irak, les considérant comme des kurdes, a décider de protéger leur liberté religieuse et leurs efforts pour promouvoir et conserver leur héritage culturel.

Visiter le lieu sacré des Yézidis, Lalish est un immense honneur. Lalish est entouré de montagnes et porte une haute valeur symbolique car c’est ici que se trouve la tombe du célèbre Sheikh Adi ibn Mustafa. C’est un haut lieu de pèlerinage et culte religieux.

Selon les chercheurs,  Sheikh Adi ibn Mustafa, mystique célèbre, a vécu au début du douzième siècle.Après avoir étudié la théologie à Baghdad il s’est retiré dans la vallée de Lalish. Il a vécu une vie monastique, loin de la société, en état de méditation spirituelle. de nombreux disciples l’ont suivi et une communauté s’est formée autour de lui. Il est mort en 1162 mais son influence a continué à grandir. Sa tombe est devenu un point central de la foi Yézidi et un important lieu de pèlerinage. Il n’existe pas d’écrits de sa parole qui se transmet oralement.

A l’entrée  de la montagne sacrée il faut retirer ses chaussures et marcher pieds nus .De même il faut veiller à ne pas marcher sur la première pierre du temple  dédié à Sheikh Adi, qui seul en avait le droit.

Les membres du clergé Yézidi portent un turban et sont vêtus d’une tunique et de pantalons blancs.

A l’intérieur du temple nous avons longé une vaste galerie de 30 mètres de long et 12 mètres de large pour arriver jusqu’à une grande chambre, le Saint des Saints, la tombe haute de Sheikh Adi, un grand sarcophage recouvert d’un tissu vert. ainsi que tous les pèlerins nous avons tourné 5 fois autour de la tombe.

Ensuite nous avons pu lancer le foulard, les yeux fermés, sur le petit monticule et former un voeu ( à condition que le foulard atteigne bien sa cible). le mien s’est réalisé en janvier 2014.