
Michael Rakowitz et La Culture Assyrienne
Une trilogie d’expositions reliant cultures antiques et art contemporain.
Une collaboration entre le Ministère Hellénique de la Culture, le Musée de l’Acropole, l’Éphorie des Antiquités d’Athènes et NEON
La collaboration entre le Ministère de la Culture, le Musée de l’Acropole, l’Éphorie des Antiquités d’Athènes et l’organisation NEON constitue un dialogue approfondi entre œuvres contemporaines et antiquités, mettant en lumière des thèmes intemporels liés au patrimoine culturel : la perte, la restitution, la survie et la création de culture. Il s’agit d’une trilogie qui se déploiera en 2025 et 2026.
Les antiquités grecques et les objets issus des civilisations anciennes de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient dialoguent avec l’œuvre multidimensionnelle de l’artiste contemporain de renommée internationale Michael Rakowitz, qui en est le point central.
La trilogie commence au Musée de l’Acropole en 2025, se poursuit dans l’espace extérieur à l’ouest du musée, côté rue Mitseon, et s’achèvera en 2026 dans l’ancien Musée de l’Acropole.
La force de cette collaboration entre musées archéologiques et créations contemporaines réside dans leur capacité à remettre en question les récits historiques figés et apparemment lointains. Les antiquités, témoins d’un passé établi, mises en relation avec des œuvres modernes, révèlent la complexité et la continuité du patrimoine culturel, en intégrant des expériences vécues, des identités et des mémoires multiples. Elles expriment l’urgence de retrouver notre histoire culturelle commune au rythme accéléré auquel elle est aujourd’hui menacée de disparition.

C’est un dialogue avec des œuvres conceptuelles, émouvantes, explicitement politiques, résolument actuelles, qui nous rappellent la répétition d’événements historiques douloureux (guerres, pillages, vols, colonialisme, migration), tout en mettant en lumière le sort des zones en conflit et les parcours vains des peuples et des biens culturels déplacés. Dans son ensemble, cette trilogie relie les civilisations classiques et contemporaines de cette région du monde au Musée de l’Acropole, sur le Rocher de l’Acropole et au Parthénon, symbole de la culture occidentale, mais aussi d’un échange fécond avec les civilisations qui ont marqué et marquent encore les mondes classiques et contemporains.
La Ministre de la Culture, Dr. Lina Mendoni, souligne :
« La collaboration entre le Ministère de la Culture et l’organisation NEON a donné, ces dernières années, des résultats remarquables. Des œuvres d’art contemporaines sont exposées dans des sites archéologiques soigneusement sélectionnés, engageant un dialogue fertile qui renforce l’unité au sein de la grande continuité historique de la culture grecque. Notre coopération dans le cadre de cette trilogie est encore plus forte et plus ciblée.

La culture admirable des Assyriens, l’une des plus anciennes civilisations du bassin méditerranéen, se combine et dialogue avec les antiquités grecques dans une parfaite et créative harmonie avec les œuvres contemporaines de Michael Rakowitz. Ce dernier s’inspire de la culture du royaume biblique de l’ancienne Assyrie, qui nous a légué des chefs-d’œuvre de l’art mésopotamien. Malheureusement, certains de ces trésors ont récemment été profanés et détruits. Beaucoup d’entre eux, qu’ils soient intacts ou fragmentaires, ont été volés et arrachés violemment aux lieux qui les ont vus naître.
Au-delà des nombreux messages véhiculés par cette trilogie, elle fait aussi directement écho à la destruction et à l’enlèvement brutal des Sculptures du Parthénon.
Notre priorité politique est l’osmose entre notre patrimoine culturel et la création contemporaine, tout autant que le renforcement de l’ouverture du patrimoine culturel grec vers l’extérieur. Ces priorités trouvent leur pleine expression dans la collaboration entre le Ministère de la Culture et l’organisation NEON dans cette trilogie.
Dimitris Daskalopoulos, fondateur de NEON, déclare :
« …Mon intérêt se concentre sur l’exploration et le soutien de nouvelles formes de participation sociale, et je suis convaincu que l’œuvre de Michael Rakowitz, en relation avec les civilisations anciennes, renforcera nos efforts constants : faire en sorte que l’art soit accessible de manière multiple à un public élargi, local et international, et que ses idées aient un véritable impact.«
Première Partie : Collaboration entre le Musée de l’Acropole et NEON
Titre de l’exposition : Allspice | Michael Rakowitz & Ancient Cultures
Musée de l’Acropole, Salle des expositions temporaires
13 mai – 31 octobre 2025
La première partie de la trilogie est l’exposition « Allspice«
Elle se tiendra dans la salle des expositions temporaires du Musée de l’Acropole du 13 mai au 31 octobre 2025.
Les œuvres contemporaines de Michael Rakowitz sont présentées aux côtés d’antiquités provenant de l’Institute for the Study of Ancient Cultures de l’Université de Chicago, ainsi que de la collection chypriote Th. Zintilis conservée au Musée d’art cycladique, tissant des récits qui nous parlent du passé comme du présent. L’exposition comprend également trois œuvres commandées spécialement à l’artiste.
Dans la salle des expositions temporaires – où le vide laissé par les sculptures manquantes du Parthénon est clairement visible – Michael Rakowitz déploie une réflexion sur l’histoire du colonialisme et du pillage muséal. L’artiste évoque une blessure culturelle persistante et toujours ouverte, présente à travers le monde : des objets qui constituent la mémoire culturelle d’un peuple, l’essence même d’un pays, sont volés, échangés, détruits, voire effacés.
Le titre de l’exposition, Allspice , fait référence, littéralement, aux recettes manuscrites de la mère de Rakowitz, reproduites sur les colonnes de la salle d’exposition, évoquant les échanges culturels, mais aussi les mémoires de l’exil et de la migration des peuples et de leurs cultures. Cette œuvre a été commandée à l’artiste par NEON.
Comme l’explique Rakowitz :
« En explorant les recettes irakiennes de ma mère, l’un des ingrédients les plus fréquents est le allspice. Cette baie séchée, réduite en poudre, offre une saveur qui évoque simultanément la cannelle, le clou de girofle, la muscade et des notes de cardamome.
Le mot “substitut” vient du latin substituere, lui-même dérivé de statuere, dont le substantif dérivé est statua— statue — des notions centrales dans mon travail de sculpteur, depuis deux décennies, en créant des sculptures qui sont des ‘substituts’ d’autres sculptures disparues ou détruites. »
L’exposition débute avec la vidéo The Ballad of Special Ops Cody, tournée à l’Institut de l’Université de Chicago. Dans cette œuvre, Special Ops Cody, une figurine de soldat américain miniature extrêmement détaillée, entre dans les vitrines de l’Institut, où sont conservées des statues votives de Mésopotamie, dans l’espoir de les « libérer ».
L’exposition inclut des objets anciens provenant du Moyen-Orient et du sud-est de la Méditerranée, généreusement prêtés :
– Treize pièces de l’Institute for the Study of Ancient Cultures de l’Université de Chicago,
– Une pièce de la Collection chypriote Th. Zintilis, aujourd’hui au Musée d’art cycladique à Athènes,
– Et un grand nombre d’œuvres contemporaines de la série « The invisible enemy should not exist » de Michael Rakowitz.
Les œuvres de cette série, et notamment celles liées au Palais du Nord-Ouest de Nimrud-Kalhu, sont des « réapparitions » de reliefs sculptés historiquement pillés et récemment détruits, qui ornaient les murs de l’ancien palais assyrien.
Ces plaques en relief – ces « réapparitions » – sont présentées avec des espaces visibles entre elles, rendant apparentes les fissures (dommages antiques, guerres, pillages) qu’il est impossible de dissimuler. Elles témoignent de l’histoire, devenant une composante à part entière de l’identité de l’œuvre.
Les nouvelles sculptures sont réalisées à partir de papier compressé, de journaux contemporains du Moyen-Orient et d’emballages alimentaires provenant du nord de l’Irak. Ces matériaux éphémères soulignent précisément l’absence des objets originaux aujourd’hui manquants
Le professeur Nikolaos Chr. Stampolidis, Directeur général du Musée de l’Acropole déclare :
« Concernant les antiquités, il convient d’opérer une distinction fondamentale : sont-elles des réfugiées ou des prisonnières ?
Si elles ont été déplacées de leur lieu d’origine pour des raisons de sauvegarde, on pourrait les considérer comme des réfugiées, qui, dès que les conditions le permettraient, devraient pouvoir retourner dans leur berceau d’origine.
Mais ce déplacement ne doit en aucun cas être lié à un vol, un pillage ou un commerce.
En revanche, si elles ont été déportées de manière violente, par vol, pillage, transaction, corruption, dans le but d’une appropriation illégale ou d’enrichissement, alors ces antiquités prisonnières doivent être restituées à leur lieu d’origine…
Jusqu’à ce qu’une justice réparatrice soit établie, les œuvres de Rakowitz — qu’elles soient entières ou constituées de fragments de statues démantelées, d’ensembles architecturaux ou de “réapparitions” — demeurent essentiellement des ombres et des fantômes, imprégnés d’un parfum de mémoire et d’“humanité”, qui fonctionnent également comme un rappel de la perte de milliers d’objets, déplacés d’une exposition à l’autre, de pays en pays, sensibilisant les consciences jusqu’à la justice espérée. »
Selon Elina Kountouri, Directrice de NEON :
« Le langage artistique de Rakowitz est profondément personnel, mais possède une portée universelle, comme si l’artiste nous proposait une histoire du monde à travers sa tentative de préserver l’héritage culturel de l’Irak.
Son œuvre transforme la destruction causée par la guerre en revenant aux objets eux-mêmes : qu’ils soient perdus, oubliés ou incomplets. Il les restaure entièrement, mais sans les “reconstruire” — un terme auquel il s’oppose fermement.
À la place, il propose le terme de “réapparition” comme motif récurrent de son travail.
La production de ces objets en tant qu’œuvres d’art fait partie de notre héritage matériel et immatériel.
L’exposition Allspice est bien plus qu’une exposition d’art contemporain en dialogue avec l’Antiquité.
Elle témoigne de notre condition précaire actuelle et parle le langage de la survie. En unissant leurs forces, créateur et spectateur s’assurent que les guerres ne sombrent pas dans l’oubli, et reconnaissent les traumatismes intergénérationnels, les pertes et les absences.
Derrière les murs du Musée de l’Acropole, ce récit devient à la fois un acte de guérison et un acte de résistance. »
La deuxième commande inédite, intitulée A Baghdadi Amba Dictionary, est présentée dans une vitrine de livres issus de différentes époques et civilisations. Elle est liée à la présentation du Chicago Assyrian Dictionary (CAD) et à la fragilité des langues et des cultures.
Ce dictionnaire constitue une étude encyclopédique d’une langue disparue depuis 2 000 ans, rédigée par les chercheurs de l’Institut d’Études des Cultures Anciennes de l’Université de Chicago, offrant une fenêtre sur l’une des premières civilisations urbaines.
Le résultat final comprend 21 volumes. Il s’agit d’un enregistrement complet de l’akkadien, la plus ancienne langue sémitique connue, écrite en cunéiforme. Les entrées citent d’importantes sources cunéiformes provenant de diverses régions et périodes de la Mésopotamie, et le dictionnaire est un outil de recherche crucial pour l’étude des langues sémitiques ultérieures.
Dans cette nouvelle commande, Rakowitz préserve et transmet un dialecte de la diaspora qu’il a appris de sa mère judéo-irakienne.
Il crée des pots faits main contenant de l’amba (un condiment à base de mangue, très présent dans la cuisine irakienne et vendu à Chicago dans les épiceries assyriennes). Sur le verre extérieur des pots, il inscrit un glossaire de mots et d’expressions que sa mère Yvonne lui a enseignés au fil des années.
Ces pots seront offerts à la fin de l’exposition.
Par son œuvre, Rakowitz rappelle que l’état fragile des objets précieux résonne avec la précarité de la mémoire des personnes vivant en diaspora.
Le chercheur qui documente une langue oubliée et, plus tard, le restaurateur d’un livre abîmé font face aux mêmes dilemmes que l’exilé : comment identifier son héritage et sa culture d’origine avec ceux de son pays d’accueil ? Que conserver ? Que laisser derrière ? Comment préserver et protéger ce qui s’efface ?
Comment maintenir une identité fragmentée unie ?
Dans la troisième commande de NEON, Michael Rakowitz crée une forme de collage entre civilisations, « connectant » le corps de la divinité assyrienne lamassu à une tête masculine barbue provenant de Chypre.
Dans l’œuvre Study for a Lamassu inspolia, on voit un dessin du corps du lamassu, peint directement sur la vitre de la vitrine où est exposée la tête masculine en pierre provenant de la collection Th. Zintilis, prêtée par le Musée d’Art Cycladique.
Michael Rakowitz déclare :
« Au cours des trois dernières années, pendant la préparation de ces expositions, j’ai eu la chance de voyager à plusieurs reprises à Athènes.
Chaque fois, j’attendais avec impatience mon arrivée dans cette ville extraordinaire, et je ressentais une profonde tristesse lorsque je devais la quitter.
Je ressens sincèrement de la nostalgie pour Athènes, un lieu qui m’a accueilli et que j’ai, à mon tour, accueilli dans mon cœur.
Deuxième Partie : Collaboration entre le Musée de l’Acropole et NEON
Lamassu de Ninive (2018) | Michael Rakowitz & Cultures Anciennes
Musée de l’Acropole, installation sculpturale | Espace extérieur ouest du Musée de l’Acropole
Octobre 2025 – Décembre 2026
En octobre 2025, dans le cadre de la deuxième partie de l’exposition Michael Rakowitz & Cultures Anciennes, l’œuvre The Invisible Enemy Should Not Exist, Lamassu of Nineveh (2018) sera présentée dans l’espace extérieur du Musée de l’Acropole, côté ouest, vers la rue Mitseon.
Le Lamassu of Nineveh (2018), , fait partie de la série The Invisible Enemy Should Not Exist.
Le Lamassu de Rakowitz est fabriqué à partir de boîtes de conserve de sirop de dattes irakiennes, et « reconstitue » la statue ailée de taureau d’environ 4,3 mètres de long, représentant la divinité protectrice assyrienne, qui se trouvait à l’entrée de la porte de Nergal à Ninive, de 700 av. J.-C. jusqu’à sa destruction en février 2015 par l’État islamique, en même temps que d’autres objets du musée de Mossoul.
L’emplacement met le Lamassu en dialogue avec les fouilles archéologiques à la base du Musée de l’Acropole, le rocher de l’Acropole et ses monuments, le paysage urbain environnant, ainsi que l’architecture contemporaine du musée.
Commissariat : Prof. Nikolaos Chr. Stampolidis, Directeur général du Musée de l’Acropole, et Elina Kountouri, Directrice de NEON
Troisième Partie : Collaboration entre l’Éphorie des Antiquités de la Ville d’Athènes du Ministère de la Culture et NEON
Ancien Musée de l’Acropole
Mai 2026 – Décembre 2026
La trilogie se conclura par une exposition à l’Ancien Musée de l’Acropole, en mai 2026. Sa préparation débute en collaboration avec l’Éphorie des Antiquités de la Ville d’Athènes du Ministère de la Culture et NEON.
Le concept tourne autour des histoires de diaspora et de la manière dont des objets provenant de contextes historiques, géographiques et archéologiques différents construisent des récits. Ces récits ne proviennent pas uniquement d’entités géographiques, mais aussi d’entités historiques.
La brique ancienne — la plinthe — en tant que matériau de construction, d’histoires et de souvenirs, ainsi que l’argileavec laquelle elle est fabriquée, se trouvent au cœur de cette nouvelle commande.
Première Partie : Collaboration entre le Musée de l’Acropole et NEON
Titre de l’exposition : Allspice | Michael Rakowitz & Cultures Anciennes
Musée de l’Acropole, Salle des Expositions Temporaires
13 mai – 31 octobre 2025
Horaires d’ouverture :
- Lundi : 9h – 17h
- Mardi, mercredi, jeudi : 9h – 20h
- Vendredi : 9h – 22h
- Samedi, dimanche : 9h – 20h
Entrée gratuite, sur présentation d’un billet d’entrée gratuite. Ce billet est à retirer aux guichets du Musée de l’Acropole.
Les réservations de groupes (de 15 à 30 personnes) se font par e-mail à l’adresse suivante :
groupbookings@theacropolismuseum.gr
Pour les visites guidées organisées ,assurées par les archéologues du musée, Réservation obligatoire en ligne (plus d’infos ici :
https://www.theacropolismuseum.gr/thematikes-paroysiaseis/allspice-michael-rakowitz-ancient-cultures)
