
Julien Gosselin à Athènes : l’art de raconter autrement, à l’Onassis Stegi
D’après des textes de Léonid Andréïev
Du 16 au 19 octobre 2025
Julien Gosselin à Athènes

Julien Gosselin s’est formé à l’École supérieure d’art dramatique de Lille, dirigée par Stuart Seide. Avec six camarades, il forme Si vous pouviez lécher mon cœur en 2009, et met en scène Gênes 01 de Fausto Paravidino (Théâtre du Nord, 2010), Tristesse animal noir d’Anja Hilling (Théâtre de Vanves, 2010) puis Les Particules élémentaires d’après Michel Houellebecq (Festival d’Avignon, 2013). Viennent ensuite Je ne vous ai jamais aimés de Pascal Bouaziz (Théâtre national de Bruxelles, 2014), Le Père de Stéphanie Chaillou (Théâtre national de Toulouse, 2015) et 2666, adapté du roman-fleuve de Roberto Bolaño (Festival d’Avignon, 2016). Après 1993, d’Aurélien Bellanger (Festival de Marseille, avec la promotion 43 du Théâtre national de Strasbourg), il revient à Avignon pour Joueurs, Mao II, Les Noms, d’après Don DeLillo, qui lui inspire aussi Vallende Man (L’Homme qui tombe), créé à l’International Theater Amsterdam (Pays-Bas), puis Le Marteau et la Faucille (Printemps des Comédiens – Montpellier). En 2018, il est lauréat du XVemeprix Europe pour le théâtre, à Saint-Pétersbourg. En 2021, Julien Gosselin monte avec le groupe 45 du Théâtre national de Strasbourg une adaptation du Dékalogde Krzysztof Kieslowski, et met en scène Le Passé, à partir de textes de l’auteur russe Léonid Andréïev. En 2023 il crée Extinction, d’après Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler, qui associe acteurs de Si vous pouviez lécher mon cœur et de la Volksbuehne et qui est créé au Printemps des Comédiens de Montpellier, avant le Festival d’Avignon, Berlin, Anvers, Paris (Théâtre de la Ville). Il crée Musée Durasavec des élèves de la promotion 2025 du CNSAD.
Il est le directeur de l’Odéon Théâtre de l’Europe depuis le 15 juillet 2024.
Julien Gosselin : Le Passé, un théâtre au bord de la disparition

Après la remarquable présence d’Isabelle Huppert et Romeo Castellucci, Julien Gosselin à Athènes s’apprête à son tour à présenter à l’Onassis Stegi son spectacle Le Passé, une fresque théâtrale monumentale inspirée des textes de Léonid Andréïev. Connu pour ses adaptations de grands romans contemporains comme 2666 de Roberto Bolaño ou Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, Gosselin opère ici un tournant décisif : revenir vers des écritures plus anciennes, mais pour mieux en interroger la mort.

« Je voulais un spectacle qui montre à la fois la fin du monde et la fin d’un certain théâtre », confie-t-il lors d’un entretien avec William Ravon, le 16 juin 2025. Séduit par l’univers sombre et symboliste d’Andréïev, à la croisée de Tchekhov et des avant-gardes du XXe siècle, Gosselin a trouvé là la matière idéale pour questionner ce que nous faisons du répertoire aujourd’hui. Non pas l’actualiser, insiste-t-il, mais au contraire en souligner l’inactualité, en révéler la part fantomatique.
Sur scène, cette démarche se traduit par une esthétique qui mêle la tradition – costumes anciens, décors peints – et la modernité des dispositifs sonores et visuels. L’autotune, par exemple, devient un instrument de distanciation et d’étrangeté, transformant le cri tragique en pure lamentation, presque antique. La vidéo et le texte projeté, signatures de son théâtre, ouvrent des espaces où les mots eux-mêmes deviennent matière, presque sacrée.
Si l’on demande à Julien Gosselin de résumer son style, il préfère parler d’adversité. « Tout geste artistique a besoin d’un ennemi esthétique », dit-il. Pour Le Passé, cet ennemi, c’est le théâtre patrimonial, celui qui célèbre le répertoire sans le questionner. Mais dans ce refus, pas de nostalgie. « Je n’ai aucun message à délivrer », assure-t-il. Ce qui l’anime, c’est une quête de vérité sensible, un théâtre qui produit des émotions d’une intensité rare, impossibles à expliquer mais profondément humaines.
Avec Le Passé, Julien Gosselin poursuit donc son exploration d’un théâtre total, où littérature, musique, vidéo et jeu des acteurs se conjuguent pour créer une expérience à la fois sensorielle et intellectuelle. Pour le public athénien, sa venue représente une occasion unique de rencontrer l’un des créateurs les plus audacieux de sa génération, dont l’art refuse la nostalgie pour mieux faire sentir la fragilité et la disparition du théâtre lui-même.
Jeudi 16, Vendredi 17, Samedi 18 : 19h
Dimanche 19 octobre : 14h
Julien Gosselin à Athènes donnera une masterclass le samedi 18 octobre

